Jeunes Vignerons Nantais : l’avenir en collectif

La Saint Vincent est un rendez-vous important pour les Jeunes Vignerons Nantais et la promotion du Muscadet. Crédit : Pauline Théon.
Les années de gel ont créé un électrochoc au sein de la jeune génération de vignerons. Le besoin de se rassembler et l’envie de se connaître, de partager, les ont poussés à se fédérer. Depuis 2020, l’association des Jeunes Vignerons Nantais réunit producteurs et salariés de moins de 40 ans. Et si la promotion du vignoble de Nantes est au cœur de son action, l’entraide et la solidarité sont les bases de sa fondation.
Son visage a fait la Une du Spécial Vins du Point du mois de septembre et de son dossier consacré au « Muscadet, le grand vin de Nantes ». Vigneronne à Saint-Lumine-de-Clisson, Mathilde Chatellier est pour le journaliste Jacques Dupont « symbole de l’émergence d’une nouvelle viticulture ». Un qualificatif on ne peut mieux choisi pour celle qui préside depuis bientôt deux ans l’association des Jeunes Vignerons Nantais. Ce collectif, né il y a 5 ans, réunit près d’une trentaine de vignerons de moins de 40 ans, installés ou salariés. « On se voit tous les mois d’octobre à avril, un peu moins pendant la saison car tout le monde est très pris, mais on échange régulièrement sur WhatsApp ou les réseaux sociaux pour la transmission d’informations pour avancer sur nos actions », explique la trentenaire et 3e présidente de l’association.
Pour les moins de 40 ans et récents installés
A l’origine des Jeunes Vignerons Nantais, figure un petit groupe de producteurs tout juste installés parmi lesquels François Ménard. Vigneron à Monnières, sur l’exploitation familiale, il ne se voyait pas passer « 30 ou 40 ans de carrière sans connaître les collègues. Après plusieurs épisodes de gel, on s’est dit qu’on n’allait pas rester chacun dans son coin à broyer du noir. On est plein de jeunes mais on ne se connaît pas. Avec l’appui de la Fédération des Vins de Nantes, on a recensé tous les jeunes vignerons de moins de 40 ans et les installés depuis moins de 5 ans. On les a tous invités à une première réunion à La Frémoire et c’est ainsi qu’est née l’association. » Pour Mathilde Chatellier, rejoindre ce collectif était une évidence. « J’adore la vie associative et le fait de pouvoir échanger. On représente des structures avec des modèles et des tailles différentes et ces échanges nous permettent de voir les formes d’évolutions possibles. » Mathieu Delhommeau a lui rejoint les « JVN » il y a un an. Fils de vigneron, il termine actuellement ses études et prévoit de rejoindre le domaine familial dans quelques mois. « Même si je ne suis pas encore installé, le fait d’échanger avec d’autres qui sont passés par là récemment me permet de prendre des conseils. Vigneron est un métier solitaire et l’association apporte un soutien, des échanges, un partage d’expériences. Elle permet de créer du lien entre vignerons, ce qui n’était pas forcément le cas auparavant. »

Mathilde Chatellier, présidente des JVN, aux côtés de François Ménard, premier président de l’association.
De la formation à l’événementiel
Si l’objectif premier est de partager des problématiques communes, l’association s’est rapidement organisée en groupes de travail. « Il y a avait des besoins de formations, notamment sur la partie commerciale. On a organisé une session sur la construction de sa gamme et de sa grille tarifaire. On a aussi réalisé des achats groupés. On a voulu lancer une plate-forme spécifique mais ça n’a pas fonctionné. On a tout de même gardé un groupement pour les plantations qui réunit une dizaine de domaines », explique François Ménard. Dynamiques et plein d’ambitions, les jeunes vignerons ont aussi l’envie de se faire connaître du grand public. En 2023, ils se sont associés pour la première fois à la Saint Vincent, fête vigneronne jusqu’alors traditionnellement organisée par l’Ordre des Chevaliers Bretvins. Leur concept : proposer un dîner gastronomique à Nantes avec un chef reconnu pour 120 personnes. Depuis, Mathieu Pérou du Manoir de la Régate, Clément Vincent du Château de Maubreuil et Sarah Mainguy de Freia se sont succédé aux côtés de la nouvelle vague du Muscadet. Pour l’édition 2026, des nouveautés sont prévues mais pas question d’en dire plus pour le moment. « On peut juste annoncer que ce sera le 24 janvier au soir, toujours sur le principe d’un dîner gastronomique », révèle Mathilde Chatellier.

Depuis 2023, la Saint Vincent est organisée à la Little Atlantique Brewery à Nantes. Crédit : Pauline Théon.
« Pas de concurrence entre nous »
Si la Saint-Vincent « guide » l’association selon sa présidente, un autre événement est aussi dans les cartons, davantage tourné vers les jeunes consommateurs. Mathieu Delhommeau fait partie du groupe de travail qui planche sur le sujet. « On aimerait proposer quelque chose de différent mais pour l’instant, rien n’est décidé même si on aimerait bien pouvoir le mettre en place en 2026. » En attendant, les Jeunes Vignerons préparent un autre rendez-vous. Le 20 octobre, ils rencontreront les professeurs en sommellerie à l’occasion de leur assemblée générale à La Frémoire. L’occasion de mettre à nouveau l’accent sur la dynamique du Muscadet et d’unir leurs forces pour promouvoir leurs vins. « Il n’y a pas de concurrence entre nous, on est collègues », souligne François Ménard.

L’association organise aussi des journées conviviales à la découverte des vignobles voisins, comme ici en 2024 en Anjou.
Invitation lancée à la jeune génération
Ces valeurs d’entraide et de solidarité qui animent l’association sont précieuses pour ses adhérents, y compris dans leur quotidien. « On échange nos contacts et aujourd’hui je n’hésite pas à renvoyer des clients si je ne peux pas répondre à leur demande », indique François Ménard. Mathilde Chatellier se nourrit quant à elle des échanges avec ses confrères et consœurs, en particulier lors des visites de vignoble organisées tous les ans. « L’année dernière nous étions en Anjou, au Château de Plaisance et au domaine Belargus. Le 6 novembre prochain, nous irons en Vendée visiter les Pépinières Mercier et le domaine Saint-Nicolas. L’idée n’est pas de se comparer mais de voir comment d’autres domaines s’inscrivent dans le développement de l’image des vins de Loire. Et c’est vraiment l’un de nos meilleurs moments de l’année auquel tous les jeunes vignerons sont conviés. » La jeune présidente insiste d’ailleurs sur l’ouverture de l’association à tous les profils. « Il faut que tous les jeunes se sentent concernés, qu’ils soient installés ou non, qu’ils soient salariés. L’adhésion est de 50 € par domaine ce qui fait que plusieurs personnes d’une même exploitation peuvent nous rejoindre. Nous ne sommes encore qu’un petit noyau. Il faut le faire grandir sachant qu’un jour, on va s’en aller car on aura dépassé la limite d’âge des 40 ans. Il faut garder cette dynamique et la faire perdurer ! »
Contact : www.instagram.com/jeunesvigneronsnantais