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Les restaurateurs épaulent les vignerons

Restaurateurs et vignerons unis au sein d’une même association. Crédit photo : Christophe Bornet.

C’est la belle histoire de l’automne. Les 26, 27 et 28 octobre, 30 chefs nantais accueilleront dans leurs restaurants 30 vignerons de Nantes pour une soirée en accords mets et vins. Une opération baptisée “L’é.Paulée Nantaise”, 100 % solidaire, dont les fonds seront directement reversés aux vignerons participants touchés par le gel. Jamais la cohésion n’a été aussi forte entre la restauration nantaise et le vignoble.

Vincent Caillé et Nicolas Guiet. Crédit photo : Christophe Bornet.

Nicolas Guiet, restaurant L’U.ni & Vincent Caillé, Domaine Le Fay d’Homme.

Nicolas : « L’idée est née après les gelées noires du mois d’avril. J’habite à Saint-Sébastien, il faisait -3°C, j’imagine que c’est pire dans le vignoble. Je sais ce qu’il leur est arrivé l’année dernière… Le sort s’acharne. J’ai pris mon téléphone, j’ai appelé des amis vignerons. J’ai senti leur malaise. Je me suis dit qu’il fallait organiser un truc. Au départ il s’agissait de faire un grand dîner dans Nantes avec 1 000 convives. Le but : se retrouver dans un esprit de solidarité, montrer que l’on ne fait qu’un, qu’on est indissociables. L’idée a germé. J’en ai discuté avec des vignerons, des collègues, avec Richard Baussay du Voyage à Nantes. Mais on s’est rapidement aperçus qu’un dîner avec 1 000 personnes était trop lourd à organiser. On est donc partis sur de l’autogestion. Chacun gère son opération et je fédère la communication.
L’objectif est d’aider les vignerons touchés par le gel. Il n’y a pas de pourcentage de pertes imposé, il suffit juste d’avoir été touché. Je ne voulais pas non plus imposer un vigneron à chaque restaurateur. C’est le restaurant qui invite un vigneron chez lui pour lui prouver sa solidarité. Chacun gère ensuite ses réservations, ses invitations, sa proposition.

Chaque restaurant reversera 50 % minimum du chiffre d’affaires de la soirée aux vignerons.

Les fonds seront ensuite redistribués à parts égales pour qu’ils investissent dans l’avenir. Tous les vins servis seront également refacturés à l’association.
A L’U.ni nous avons prévu une soirée accords mets et vins avec un menu unique. Nous installerons le restaurant en mode table d’hôtes avec apéritif, cinq plats et sept vins. Un mois avant l’événement, tout était déjà complet.
Voir l’engouement autour de l’E.Paulée nantaise fait chaud au cœur. Pourquoi ne pas inscrire ce rendez-vous dans le temps, refaire chaque année un grand repas après les vendanges pour parler de la récolte. L’avenir s’écrira, on aura le temps d’y réfléchir. En tout cas la connexion que l’on a créé doit perdurer après l’événement. »

Vincent : « Je travaille avec Nicolas Guiet depuis plusieurs années. Nous parlons régulièrement de la qualité des plats, des vins, d’économie. Je lui ai aussi expliqué la conjoncture du vignoble. Quand il m’a parlé de l’opération, cela m’a fait chaud au cœur. On se rend compte que les restaurateurs nantais s’intéressent à nos vins. Cette année j’ai été touché à 70, 80 % par le gel. L’aspect financier de l’événement n’est pas la priorité. Un petit peu quand même mais cela va bien au-delà. C’est le coup de main psychologique qui fait du bien. Cela crée une dynamique restaurateur/ vigneron qu’il va falloir désormais entretenir, mais ça ne devrait pas être trop compliqué. J’en parle autour de moi, j’invite mes clients à réserver dans les restaurants participants. L’intérêt est que cela fonctionne dans tous les restaurants. On va s’y employer. Il faut que tout soit complet. »


Julien Braud et Solène Gatinault. Crédit photo : Christophe Bornet.

Solène Gatinault, restaurant Le Plan B & Julien Braud, Domaine Le Fief aux Dames

Solène : « Je suis sommelière de métier et quand Nicolas a lancé le projet j’ai de suite été intéressée. Je trouve ça super. Je travaille avec Julien Braud depuis 2012. Le menu n’est pas encore défini, mon nouveau chef venant tout juste d’arriver, mais nous allons faire découvrir ses crus autour d’une entrée, d’un poisson, de fromages et d’un dessert. »

Julien : « C’est une superbe démarche. Ce sont de très bons restaurants nantais qui sont solidaires des vignerons. C’est un petit geste. On ne va pas faire fortune mais c’est le côté solidaire qui compte. C’est appréciable de voir nos clients faire un geste envers nous, communiquer de manière positive. L’idée première, et c’est ce qu’il faut retenir, c’est le côté humain. C’est ça qui nous touche. Nous allons affiner la proposition dans les semaines à venir mais l’objectif est de mettre en avant nos belles cuvées. »


Hugues Charpentier et Gildas Bretagne. Crédit photo : Christophe Bornet.

Gildas Bretagne, restaurant Les Brassés & Hugues Charpentier, Château Les Aveneaux

Gildas : « L’initiative de Nicolas Guiet a pour but d’aider financièrement les vignerons proches de nous, géographiquement mais aussi professionnellement. En plus du côté caritatif, il s’agit d’une opération de communication pour expliquer que l’on travaille ensemble. Je travaille avec Hugues depuis quelques années. J’ai fait le choix de n’avoir qu’un seul Muscadet à la carte, au verre, et il était naturel que je m’associe à lui pour cette soirée. J’aime ce qu’il fait, son travail. Il s’implique beaucoup, il fait toujours en sorte que je ne manque pas de vin. C’était normal que je lui rende la pareille. C’est paradoxal d’attendre qu’il y ait un malheur dans les vignes pour qu’on lance une opération positive comme celle-là. Même s’il n’y a pas d’autres incidents climatiques à l’avenir, j’espère que l’on gardera cette organisation pour prouver que l’association restaurateurs/vignerons fonctionne bien. »

Hugues : « Je travaille avec Les Brassés depuis leur ouverture. Gildas m’a parlé de l’association. Cela m’a touché d’autant que j’étais en pleines vendanges, des vendanges pas faciles à cause du faible rendement. Son coup de fil est tombé au moment le plus critique. C’est une belle preuve de soutien de la part des restaurateurs nantais.

En 2017, j’ai perdu 70 % de ma récolte à cause du gel, autant qu’en 2016. C’est dur car je me suis installé en janvier 2016. Ce sont mes deux premières récoltes qui sont impactées.

Cela fait du bien d’être épaulé par les professionnels de la restauration. C’est une belle preuve de soutien et c’est franchement le côté humain qui compte. On ne compte pas sur l’aspect financier. On va passer une bonne soirée entre collègues. Nous allons faire découvrir nos vins aux restaurateurs. Je n’ai pour l’instant qu’une seule cuvée à la carte des Brassés mais je vais en apporter deux autres pour la soirée.
J’espère que l’association va perdurer dans le temps, et pas seulement pour le gel. Qu’elle soutienne aussi les jeunes agriculteurs, pas uniquement les viticulteurs, mais qu’elle vienne soutenir tous les producteurs locaux. »

Retrouvez ici la liste des restaurants et vignerons participants à l’opération.