Journal de Bord
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Edito

Le Paradoxe du Muscadet

Depuis quelques années, le vignoble vit l’apogée de son paradoxe. Une des appellations les plus populaires de France a touché le fond mais s’est donné l’impulsion pour remonter à la surface. Aux années noires de découragement succèdent des espérances. Et celles-ci ne reposent pas sur des utopies ou des coups de com’ mais bien sur un mouvement profond, sur la prise de conscience collective de ses atouts et de sa singularité. Un phénomène qui vient souvent de la profession, elle-même, avec le regard neuf des nouvelles générations qui s’installent, avec la formation et l’émancipation des domaines ou avec le courage des organisations professionnelles. Un phénomène qui peut venir des consommateurs, épicuriens, néo-urbains, amateurs de circuits courts en quête de découverte de terroirs et de savoir-faire. Un phénomène qui peut venir de l’extérieur, de la presse professionnelle souvent bienveillante sur ce vignoble, des investisseurs « pionniers » qui sentent les coups et l’effervescence d’une appellation qui peut rapporter demain. Alors oui, la transition est longue et parfois douloureuse. Les crises climatiques, la pyramide des âges des vignerons et la déprise viticole inquiètent et paradoxalement, le Muscadet attise des convoitises nouvelles. Fort à parier que cet épisode sera analysé demain comme les frémissements d’une douce révolution de cette appellation.

La rédaction de la E-Lettre des Vins de Nantes