Focus sur le marché Muscadet
La récolte 2018 est confirmée à 425 000 hectolitres (hors VCI) pour 7 500 hectares soit une moyenne de rendement de 57 hl/ha. On comptabilise 30 % de Muscadet régional AOC, 68,5 % de sous régionales et 1,5 % de crus. Considérant le stock à la propriété de 140 000 hl, les disponibilités sont de 565 000 hl.
Concernant les ventes, l’achat de vendanges fraîches a été significatif avec 90 000 hl enregistrés par les vendangeoirs. Avec une prévision réaliste des ventes à 300 000 hl dont 140 000 hl en vente directe (vs 136 000 hl l’an dernier), il est donc normal que le marché libre de vrac soit très peu actif à ce stade mais illogique que les cours qui – jusque-là se maintenaient globalement – subissent un léger fléchissement. Selon Christian Gauthier, Président de la Fédération des Vins de Nantes, « les vendangeoirs ont fait le plein à la récolte, c’est donc normal que la demande soit faible mais au vu des prévisions de vente et du niveau des stocks encore bas, il n’y a aucune raison d’observer des baisses de cours. »
Au niveau de la vente en GMS, le signal est clair : quand le Muscadet perd des volumes, il gagne en valeur. Le Muscadet Sèvre et Maine sur lie s’affiche en moyenne à 4,14 €/bouteille avec 6 % de baisse de volume et le Muscadet AOC à 4,21 €/l avec 25 % de volume en moins.
Selon une enquête IRI, des tendances du rayon boisson se confirment : les hausses de prix sont visibles sur tous les types de vins avec les AOC qui dépassent les 5€/col. Les BIB se développent (40 % du marché) et la bière grignote des parts de marché sur le linéaire vin.
Christian Gauthier analyse : « Il faut s’indigner de certains vins d’appellation bradés en Foire aux vins. La loi Egalim n’a rien réglé. Le marché de la GMS se contracte et les gains se feront à partir de 5 € la bouteille. C’est un prix plancher décent pour une AOC qui amorce son virage environnemental. » Même analyse du côté de l’export, un circuit prioritaire pour de nombreux domaines. Le gain de valeur (+11 % prix de la bouteille qui passe à 3€ HT/la bouteille prix départ cave) se fait au détriment du volume (-25 %) notamment sur le marché historique britannique qui reste encore en moyenne un marché de bas prix (2,21 € HT/ la bouteille prix départ cave) alors qu’aux Etats-Unis, le Muscadet poursuit sa progression en valeur (3,80 € HT/ la bouteille prix départ cave). Selon Olivier Martin, Président délégué de la Fédération : « L’enjeu est de savoir si on accepte le transfert de volume vers la valeur et si oui, comment convertir les surfaces non rémunératrices. Ce sont les questions sur lesquelles le Conseil Stratégique s’est penché le mois dernier avec certaines pistes audacieuses et radicales sur la table ».
Des discussions vont être engagées avec le négoce après les saints de glace mais les temps ont changé avec une viticulture qui s’émancipe. Christian Gauthier conclut : « La clé réside chez les vignerons ! En écoutant la demande, nous devons aujourd’hui repositionner notre offre globale vin, conduire notre transition écologique et renforcer notre force commerciale et pour cela le seul salut c’est le collectif. »