Journal de Bord
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Edito

à maux couverts

« Résilience », « aide », « soutien », « accompagnement »… Comme un doux euphémisme, la sémantique solidaire s’affiche partout proportionnellement à celle de la crise économique en réaction ou en antidote. Chaque jour, on assiste aux négociations plus ou moins tendues entre les corps intermédiaires et les pouvoirs publics, avec l’équation impossible de satisfaire les requêtes légitimes de toutes les filières impactées, tout en priorisant les urgences et en préservant l’équité nationale. La viticulture, poids lourd de l’économie française, 2e secteur excédentaire de la balance commerciale de la France après l’aéronautique, souffre et va continuer de souffrir. Même avec une réouverture prochaine des restaurants, l’étirement des méventes est à prévoir encore sur plusieurs mois avec des charges maintenues liées à la poursuite de l’activité depuis le début du confinement. Le retour à la vitesse de croisière sera progressif et les trésoreries des exploitations vont inexorablement suivre la courbe. Les batteries d’aides proposées par les pouvoirs publics sur le plan social, fiscal et bancaire ne doperont pas les ventes de vin. Au mieux elles tiendront les exploitations en survie pour passer la conjoncture. Car derrière les mots, il y a aussi des maux : des situations précaires et parfois de désespoir qui seront accélérées par l’épidémie. Après l’urgence, les plans de « rebond » et de « relance » annonceront des mesures plus structurelles. A mots couverts, les pires cyniques diront que le COVID-19 a assaini le marché, les fatalistes qu’il l’a asséché et les optimistes qui l’a rendu vertueux.

L’équipe de rédaction de la Fédération des Vins de Nantes