Une nouvelle équipe prête à repartir
En novembre dernier, les adhérents à la Fédération des Vins de Nantes ont désigné leurs représentants. Autour de Christian Gauthier, reconduit à la présidence, une nouvelle équipe de vignerons élus a été mise en place. La valorisation, la montée en gamme mais aussi l’installation des jeunes et la transition environnementale font partie des sujets prioritaires de cette nouvelle mandature.
Malgré le prolongement du précédent mandat en raison des élections à Interloire et de la crise sanitaire, Christian Gauthier reconnaît, « ne pas avoir eu le temps de tout faire ». « Sur les 5 récoltes du mandat, 3 ont été marquées par le gel. Nous avons davantage travaillé sur l’approvisionnement des marchés que sur la valorisation des produits. Nous espérons maintenant ouvrir des actions plus offensives », avance le président de la Fédération des Vins de Nantes, vigneron à Saint-Hilaire de Clisson.
Parmi ces dossiers prioritaires figure celui de la valorisation. Pour Joël Forgeau, vigneron à Mouzillon et président du pôle ODG, « il faut réguler le marché du Muscadet AOC. Le socle de la gamme n’étant pas stable, on se retrouve avec des yoyos sur les prix du Sèvre et Maine sur lie. Nous ne pouvons pas gérer un seul segment, nous devons piloter un ensemble. Nous devons par ailleurs produire uniquement ce que le marché est capable d’absorber. » Christian Gauthier ajoute : « Aujourd’hui, 75 % du Muscadet se vend bien mais nous avons 25 % qui ne trouve pas preneur. Nous devons trouver des pistes pour ces 80 à 100 000 hectolitres. Cela peut être un nouveau produit, un Muscadet d’entrée-milieu de gamme ou alors une bulle. » Sur ce dernier point, une commission spécifique a été mise en place. Placée sous la responsabilité de Maxime Cheneau, vigneron à Mouzillon, elle est en phase de recrutement de vignerons motivés pour travailler sur ce dossier « bulle nantaise ». Une première réunion aura lieu en ce début d’année. Il sera notamment question des expérimentations actuellement menées par l’IFV à la Sicarex à Vertou.
Une autre commission a également récemment été mise en place : celle consacrée au rosé. Animée par Edouard Massart, vigneron à Château-Thébaud, elle s’inscrit dans une démarche globale à l’échelle du Val de Loire. « Le but est de définir un produit avec une identité propre à la Loire-Atlantique mais en adéquation avec le travail réalisé par nos collègues et voisins du bassin. On part d’une feuille blanche et toutes les bonnes volontés sont les bienvenues ! » Une première réunion de la commission aura lieu dans les prochaines semaines. Les vignerons intéressés pour la rejoindre peuvent contacter directement Edouard Massart.
Les crus, locomotive de la montée en gamme
A travers ces sujets de la valorisation et de la segmentation de la gamme, apparaît celui de la montée en gamme des Vins de Nantes. Une étude conso, menée cet automne et dont les résultats sont attendus dans les prochaines semaines, devrait permettre d’y voir plus clair sur les attentes des consommateurs et la stratégie à mettre en place. D’ici là, la montée en gamme se fait par les crus dont le comité de pilotage est présidé par Stéphane David, vigneron à Vallet. Quatre nouvelles Dénominations Géographiques Complémentaires ont été reconnues lors du précédent mandat (Goulaine, Château-Thébaud, Mouzillon-Tillières et Monnières Saint-Fiacre), trois autres sont actuellement sur la même voie. Les dossiers de Vallet, Champtoceaux et La Haye-Fouassière ont été jugés recevables par l’INAO en juin dernier. Une commission d’enquête doit maintenant se pencher sur ces démarches. En parallèle, les crus Clisson, Gorges et Le Pallet avancent sur les projets d’aires parcellaires. Une consultation publique a eu lieu du 5 octobre au 5 décembre 2020.
Accompagner la transition environnementale
Autre sujet prioritaire pour cette mandature : celui de l’installation des jeunes. Si le vignoble de Nantes enregistre tous les ans des reprises de domaines et des installations, le nombre d’exploitations continue de baisser et les surfaces se réduisent. Christian Gauthier note toutefois « la chance » d’avoir dans le vignoble « une pépinière de jeunes intéressés et motivés ». Ces derniers se sont fédérés tout récemment en association afin de travailler ensemble sur des sujets techniques mais aussi accompagner des candidats à l’installation. C’est notamment par ces jeunes vignerons et vigneronnes que se poursuivra la transition environnementale du vignoble de Nantes. En 2018, la Loire-Atlantique comptait 933 hectares de vignes bio ou en conversion selon l’Observatoire régional de l’agriculture biologique. C’est 3,5 fois plus qu’en 2009. Les exploitations certifiées HVE sont également de plus en plus nombreuses. Selon le Ministère de l’Agriculture, 33 domaines viticoles l’étaient fin 2019 dont 26 l’ont été durant l’année 2019. « Nous devons maintenant communiquer sur ce volet environnemental. C’est une étape importante pour notre vignoble. Cela change notre manière de cultiver, on retrouve des exploitations à taille moyenne, familiales. Cela entraînera de fait un tassement de l’agrandissement des exploitations », souligne Christian Gauthier. Constat qui sera consolidé par une enquête auprès de l’ensemble des vignerons sur le premier trimestre 2021.
Des investissements sur le volet de la communication
Communiquer sur ses vins, les évolutions, c’est aussi l’une des volontés de la Fédération viticole. Fin 2020, le pôle communication présidé par François Lieubeau, vigneron à Château-Thébaud, a d’ailleurs lancé une action d’envergure avec une campagne autour du message « Pensez local et solidaire ». « L’objectif était d’ancrer le réflexe Muscadet chez les Nantais et de générer des ventes chez les vignerons mais aussi chez nos clients pour la fin d’année, grâce à un visuel valorisant, des achats d’espaces presse, de l’affichage, de beaux partenariats notamment sur les réseaux sociaux ». Pour ce nouveau mandat, le pôle communication souhaite poursuivre dans la lignée du précédent en amplifiant les partenariats et événements notamment avec le Hellfest et le Voyage à Nantes. « Nous travaillons également sur de nouveaux projets et axes de communication », poursuit François Lieubeau. « Nous souhaitons poursuivre la montée en gamme et la reconnaissance des Vins de Nantes via les relations presse, mais aussi avec un investissement plus important sur la communication digitale et les réseaux sociaux. Nous souhaitons mettre en œuvre une grande dégustation annuelle à destination des influenceurs, prescripteurs, intermédiaires de la région en les invitant dans le vignoble. Mais aussi créer une « tête de pont » à Nantes pour être au plus proche de la ville, ses habitants, ses visiteurs, investir en communication les bastions français de Paris, de Bretagne et de Normandie et relancer une dégustation prescripteurs à Paris ; et avec Interloire, poursuivre les investissements à l’export sur nos pays cibles. » Autre projet : faire du Château de La Frémoire, la « Maison des Vignerons » en « l’ouvrant plus largement et en œuvrant au rassemblement du monde viticole en son sein », précise François Lieubeau. Autant d’objectifs ambitieux pour les nouveaux élus à la Fédération qui, malgré le contexte sanitaire et économique, souhaitent mener à bien cette feuille de route d’ici 2023 et la fin de leurs mandats.