Protéger les bourgeons, c’est sauver un vigneron
On connaît tous l’adage populaire « Boire un canon, c’est sauver un vigneron ! » qui sonne l’acte militant de solidarité envers la profession viticole. Mais avant de boire un verre de vin, faut-il d’abord récolter le raisin. C’est bien ce qui taraude aujourd’hui la filière viticole française, secouée depuis plus d’une semaine par une vague de froid polaire qui menace toute la récolte 2021. Et malheureusement, si sauver tous nos bourgeons avec des bougies donne de belles images spectaculaires, le combat, trop inégal, est perdu d’avance. Il existe bien un enjeu social et culturel sur la consommation du vin, cependant celui qui prime en amont, avec une dérégulation climatique accrue et chronique, est bien celui de produire suffisamment. Alimenter le marché de manière régulière avec des rendements homogènes devient un casse-tête à l’échelle d’un bassin ou d’un simple domaine. C’est ce qui peut conduire à faire évoluer un paradigme pour passer de la vente d’une récolte millésimée, à celle d’un stock tampon. Un arsenal technique de filière s’organise pour y parvenir et au niveau des exploitations, d’autres systèmes plus agiles, comme l’émergence des vignerons-négociants, permettent de mieux maîtriser le sourcing des vins pour honorer leurs engagements commerciaux quand le raisin manque. Le dossier du mois y consacre une analyse à travers des exemples concrets de domaines du Muscadet.
Entre pandémie mondiale qui fait chavirer les ventes et gelées chroniques de printemps qui rabotent cruellement les rendements, le vigneron enterre ses certitudes sans courber l’échine et observe, lutte, s’adapte, innove.
L’équipe de rédaction de la Fédération des Vins de Nantes