AOC, ici et nulle part ailleurs !
1,79 €, c’est le prix ostensiblement affiché en deuxième de couverture d’un catalogue de la Foire aux Vins d’automne d’une grande enseigne française pour une bouteille de Bordeaux AOC. Alors que tous les vignerons et responsables professionnels de la filière – comme le rhodanien Philippe Pellaton qui répond à nos questions dans l’interview du mois – s’accordent à clamer qu’à moins de 5 €, on ne doit plus trouver une bouteille de vin en appellation d’origine, la réalité semble tout autre. Les augmentations de tarifs sont coincées entre, d’un côté la déconsommation progressive et la pression des marchés de premiers prix, et de l’autre les contraintes climatiques, environnementales et réglementaires, la volonté de montée en gamme et l’explosion des coûts de production. Depuis sa création en 1935, l’AOC, qui originellement devait lutter contre la fraude, s’est affirmée comme le signe de qualité référence, toit de la pyramide des Indications Géographiques, fierté française reconnue internationalement avec aujourd’hui 363 AOC viticoles en France pour 20 milliards d’euros de chiffres d’affaires. Mais le paradigme du « tout AOC » s’effrite ouvrant différents scénarios plus ou moins inquiétants : arrachage, conversion en IGP ou en Vin de France, relais de croissance à l’export… Dans tous les cas de figure, le vignoble français changera de visage avec comme levier de valorisation des signes de qualité simples, identifiés et signifiants. L’AOC, qui coche toutes les cases des attentes actuelles du consommateur, aura certainement une bonne carte à jouer en acceptant de se défausser de celles qui la discréditent.
L’équipe de rédaction de la Fédération des Vins de Nantes