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« Ces deux mandats ont été personnellement très enrichissants »

Christian Gauthier, président de la Fédération des Vins de Nantes depuis 2016.

Après deux mandats à la présidence de la Fédération des Vins de Nantes, Christian Gauthier s’apprête à passer le relais. Pour le vigneron de Saint-Hilaire de Clisson, ces sept années ont été riches en projets, en rencontres, mais elles ont aussi été marquées par les aléas climatiques. Entretien.

Quel bilan faites vous de vos deux mandats à la présidence de la Fédération des Vins de Nantes ?
Ce fut deux mandats marqués par de gros aléas climatiques. Le gel a frappé le vignoble en 2016, 2017, 2019, 2021, 2022 et plus à la marge, en 2023. Il a fallu régler les problématiques liées aux petites récoltes, à l’approvisionnement. Nous avons aussi travaillé sur le remboursement de la taxe foncière sur les propriétés non bâties, sur la prise en charge des cotisations sociales avec le Syndicat des Vignerons Indépendants Nantais. Et puis il y a eu le Covid qui nous a tous perturbé et entraîné un arrêt des ventes puis une demande de distillation de 80 000 hl. Ce fut d’ailleurs contradictoire après plusieurs années de gel. Il a alors fallu expliquer, accompagner les producteurs.
Parmi les dossiers majeurs de ces deux mandats figure celui de la réforme du cahier des charges. J’avais prévu qu’il soit déposé à la fin de ce mandat mais il y a eu des contre-temps. Les propositions n’ont pas recueilli l’unanimité et il nous fallait trouver un consensus. Nos orientations, issues de la synthèse de nos travaux, ont été transmises aux services régionaux de l’INAO. Il nous restera, à la suite de nos échanges avec eux, à peaufiner le projet final qui va déterminer l’identité de nos différents Muscadets.
Depuis 2016, nous avons par ailleurs repris en main la communication de proximité. Le pôle communication a travaillé à la mise en place de nombreuses opérations et partenariats comme avec le Hellfest, le Voyage à Nantes, etc. La sélection des ambassadeurs est également un temps fort pour notre vignoble et auquel les vignerons sont fiers de participer.
Enfin durant le 2e mandat, nous avons aussi travaillé à l’implication des jeunes vignerons. Ils sont désormais réunis en association. C’est un groupe ouvert et passionné. Ils doivent s’approprier la Fédération, ses services, être informés des dossiers. Pour ces élections, nous avons insisté pour qu’il y ait deux jeunes par liste cantonale. C’est ainsi que l’on prépare le remplacement des élus.

De quoi êtes-vous le plus fier ?
Il m’est difficile de faire des choix. Je suis fier d’avoir réussi à rassembler et redonner cette envie d’échanger entre vignerons mais aussi avec le négoce. Nos relations avec le négoce ont bien évolué. Il y a eu des accrocs mais nous travaillons aujourd’hui dans une relation de confiance et non plus d’opposition. Le négoce a de son côté pris conscience qu’il fallait garder un potentiel de production.
Les crus sont aussi un gros point positif de ces mandats. Quatre nouvelles DGC ont été reconnues en 2019 et les autres – Vallet, La Haye-Fouassière et Champtoceaux – arrivent. C’est un moteur pour la qualité des vins et cela réunit les vignerons.
Enfin je suis également fier de voir l’aboutissement du projet Frémoire qui découle du travail mené par le pôle communication. Nous voulions que le Château redevienne un symbole pour les vignerons. C’est leur maison.

Avez-vous des regrets ?
Je regrette que la réforme du cahier des charges Muscadet n’ait pas encore abouti mais je ne voulais pas passer en force. Je regrette également que certains secteurs se démobilisent. Il y a moins d’enthousiasme pour les fêtes cantonales comme c’était le cas auparavant à Vallet, au Loroux ou à Clisson. Hormis la Foire du Vignoble à Vallet et le Nouvel An du Muscadet à Clisson, il n’y a plus de grands rendez-vous. Enfin, je ne peux que déplorer la réduction des surfaces en Muscadet liée aux cessations d’activité. En 2016, nous comptions 8 200 ha en Muscadet, en 2022 nous n’étions plus qu’à 6 500 ha.

Quels seront les sujets ou dossiers de la prochaine mandature ?
Il faudra poursuivre et terminer la réforme du cahier des charges. Le dossier des bulles sera également à l’ordre du jour. Il faudra continuer d’intégrer les jeunes pour qu’ils prennent le relais lors des prochains mandats, mais aussi arrêter l’hémorragie d’arrachage et de réduction des surfaces. Ces travaux seront conduits par une nouvelle équipe et j’en profite pour remercier tous les élus qui m’ont accompagné. Si nous avons réussi à surmonter les épreuves, c’est aussi grâce à eux, à leur motivation. Sans une équipe soudée, nous n’aurions pas pu conduire ces dossiers et tout cela s’est fait dans le plus grand respect. Je les remercie tous pour leur engagement et j’y associe également l’équipe des permanents de la Fédération. Ces deux mandats ont été personnellement très enrichissants. Ils ont aussi été très prenants. Il faut savoir faire la part des choses entre le temps dédié à l’appellation et donc au collectif et celui réservé à l’exploitation, ce qui oblige à déléguer. Mais ils m’ont beaucoup apporté professionnellement et humainement.