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Salons : Wine Paris donne le ton

Menacée par les restrictions sanitaires, la grand-messe internationale des vins a finalement pu avoir lieu comme prévu. Du 14 au 16 février, le parc des expos de Paris a accueilli 2 800 exposants dont une trentaine du vignoble de Nantes, heureux de retrouver leurs clients et agréablement surpris par la qualité des échanges.

S’il n’y avait pas eu le contrôle du pass vaccinal à l’entrée du parc des expositions et les masques sur les visages, on aurait pu croire que le Covid n’existait plus. Pendant trois jours, Wine Paris a pu tenir salon Porte de Versailles et les vignerons retrouver leurs clients, presque comme avant. Ils étaient 2 864 exposants sur les différents halls, soit autant qu’en 2020, année de la dernière édition. Au total, 25 739 visiteurs professionnels ont été enregistrés (29 300 en 2020), dont 28 % d’étrangers en provenance principalement de Belgique, du Royaume-Uni, de l’Italie, des Pays-Bas et des États-Unis. « On s’interrogeait sur la reprise. Il manquait le grand export mais globalement on note une belle fréquentation, plus qualitative aussi. Les gens ne sont pas là pour faire du tourisme », indique Sébastien Duvallet, vigneron à Vallet. Selon les données fournies par Vinexposium, cette qualité du visitorat s‘est vérifiée dans les chiffres : 77 % des visiteurs étaient décisionnaires dans l’acte d’achat. 51 % d’entre eux étaient des importateurs, grossistes et distributeurs spécialisés, 32 % des cavistes et enseignes spécialisées et 17 % du CHR. « Tout le monde est agréablement surpris du visitorat. Un mois plus tôt on aurait jamais parié dessus. Il y a eu moins de visiteurs grand export mais globalement la tendance est très positive », confirme Catherine Aubineau, chargée de mission filière vin à Food’Loire. A Wine Paris, ce service de la chambre régionale d’agriculture accompagnait 85 exposants sur le pavillon Loire, soit autant qu’en 2020.

Wine Paris s’étend sur 4 des 7 halls du parc des expos de la Porte de Versailles.

Entre habitués et nouveaux contacts
Dans les allées et sur les stands, les sourires se lisaient dans les regards. « Il y avait une atmosphère positive », retient Romain Malidain, vigneron en Côtes de Grandlieu. « On a senti que les producteurs étaient contents d’être là et les acheteurs aussi. » Un avis partagé par Vincent Lieubeau. « Il y avait une belle dynamique. Tout le monde avait le sourire. » Ce salon, le domaine de Château-Thébaud l’avait préparé en amont. « On avait une quinzaine de rendez-vous programmés sur 3 jours, principalement avec des importateurs européens. On a eu un peu de presse aussi. Il y a eu une belle activité. » François Ménard, vigneron à Monnières, avait lui aussi réalisé de la prospection en amont mais a aussi constaté de plus en plus de visites spontanées. « Il y a une pénurie de vin blanc à laquelle s’ajoute une augmentation des prix de certaines appellations. On a vu de plus en plus d’acheteurs venus faire du sourcing, notamment en Loire. On attire de plus en plus. »

François Ménard a constaté un regain d’intérêt des acheteurs pour le Muscadet.

Côté affaires, le bilan aussi est positif. « Je suis surpris », révèle Sébastien Duvallet. « Je ne pensais pas faire de nouveaux contrats. C’est plutôt encourageant même si nous n’avons pas beaucoup de vin en raison du gel, on a déjà de quoi les accrocher. » Pour Mathilde Olivier et Stéphane Cottenceau du domaine de la Grenaudière, les contacts ont aussi été porteurs. « Le bilan est très bon. Il y avait des gens que l’on avait l’habitude de voir mais aussi beaucoup de nouveaux contacts, des cavistes français, mais aussi des néerlandais, des italiens. » Julien Rossignol, installé depuis 2019 au domaine Grand Mouton à Saint-Fiacre participait quant à lui pour la 1ère fois à Wine Paris. « J’ai vu pas mal de clients actuels. Mais c’est un rythme à prendre pour bien se développer à l’export. » Benoît Landron, vigneron en Coteaux d’Ancenis, était lui aussi un petit nouveau à Wine Paris. « Je ne pensais pas faire autant d’affaires. J’ai fait 15 rendez-vous le 1er jour, ça bosse dur! On sent que les clients veulent de la Loire, du blanc du rouge. Ils veulent de la fraîcheur, de la spontanéité et on a un super rapport-qualité prix à leur offrir. » Les vignerons du Muscadet sont également unanimes sur l’intérêt des acheteurs pour les crus communaux. En témoigne d’ailleurs la forte participation à la Masterclass sur les crus organisée le lundi 14 par la Fédération des Vins de Nantes. « La salle était comble. On a eu de nombreuses questions sur la vinification, le potentiel de garde, etc  », témoigne Vincent Lieubeau, l’un des intervenants.

La Masterclass sur les crus du Muscadet a fait le plein le lundi 14 février.

Les Vins de Nantes performent à l’export
Si tous s’interrogeaient sur la participation à ce premier salon de reprise, aucun n’était inquiet quant à l’intérêt des acheteurs pour les vins de Nantes. Pendant deux ans, les contacts ont en effet été maintenus, notamment à l’export. « On a appris à travailler différemment. On s’appelait, même si n’est pas pareil que de se rencontrer physiquement. Avec les échanges à distance, il est difficile de présenter ses produits et sans nos vins, on est un peu nus », témoignage Romain Malidain. Pendant deux ans, le domaine R de la Grange au Landreau a multiplié les envois d’échantillons. « On a fait beaucoup de relances. On a aussi fait de la vente en ligne. L’export s’est bien passé, les clients ont été là et on a finalement pas eu de baisse liée au Covid. » Même constat pour le domaine du Haut-Bourg à Bouaye. « On a envoyé pas mal d’échantillons. En 2020, on a perdu un peu de chiffre d’affaires mais 2021 a été une très belle année et on espère que 2022 le sera aussi. » François Ménard affiche lui aussi une certaine confiance après deux années de prospection à distance. « On s’est adaptés. On avait par exemple démarché un acheteur suédois à qui nous avons envoyé des échantillons et avec lequel nous avons fait des visio. Nous l’avons rencontré pour la 1ère fois physiquement à Wine Paris. Finalement, c’est comme si on ne connaissait déjà. » Lui aussi admet « n’avoir jamais aussi bien marché à l’export que depuis 2 ans. On s’est davantage professionnalisés dans notre approche commerciale. On a aussi revu le packaging de nos bouteilles, les étiquettes, cela nous permet de nous démarquer. » Pour Vincent Lieubeau, la dynamique est là. « On sort de deux ans compliqués car en plus des confinements se sont ajoutés les taxes Trump et le Brexit. Mais en 2021 on a retrouvé le niveau de 2019, et 2022 commence bien. » Catherine Aubineau de Food’Loire confirme ces bonnes performances. « Oui l’export se porte bien. Les vignerons ont bien réagi ces deux dernières années. Ils ont développé les ventes en ligne et participé à des événements à distance. Ils se sont donnés les moyens d’agir. » Les dernières statistiques export fournies par Interloire à fin octobre le prouvent : les ventes de Muscadet ont augmenté de 7,5 % en volume sur un an (55 000 hl) et le prix a lui progressé de 5,6 % à 2,93 € HT/col.

En 2023, le pavillon Loire sera revu avec un nouveau concept.

L’agenda des salons se remplit
Dans la lignée de Wine Paris, d’autres salons ont maintenu leur édition 2022. Décalé de quelques semaines, Millésime Bio à Montpellier a eu lieu du 28 février au 2 mars, tout comme la Levée de la Loire organisée à Saumur les 6 et 7 mars. Les salons tournés vers les particuliers ont également repris. Le salon des vignerons indépendants de Lyon s’est tenu du 4 au 6 mars. Suivront ceux de Bordeaux (11 au 13 mars) et de Paris (18 au 21 mars). Pour les domaines présents à l’export, le prochain grand rendez-vous sera Prowein à Düsseldorf, du 15 au 17 mai. Mais beaucoup ont préféré renoncé à ce salon au profit de Wine Paris, plus qualitatif, plus accessible et moins onéreux. « Avant Wine Paris, les domaines qui faisaient un peu d’export étaient obligé de passer par Prowein. Il n’y avait pas de salon intermédiaire. Aujourd’hui Wine Paris est une bonne alternative pour ceux qui font de l’export sans faire de grand export », explique Catherine Aubineau. Cette année, Food’Loire accompagnera 30 exposants des Pays de la Loire en Allemagne, reconnaissables et visibles grâce au même concept de stands que celui utilisé à Wine Paris. L’année prochaine, les vignerons inaugureront un nouveau pavillon. Une opportunité supplémentaire de se démarquer. Les dates de l’édition 2023 de Wine Paris sont d’ailleurs déjà connues. Rendez-vous du 13 au 15 février, Porte de Versailles à Paris.