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Muscadet à la Une

Denis Hervier, journaliste à Bettane & Desseauve, était présent à La Frémoire les 8 et 9 mars dernier pour une dégustation dont les résultats seront à la lire dans le guide à paraître en août.

Decanter, la Revue du Vin de France, le Guide Bettane & Desseauve. Ces dernières semaines, le Muscadet a fait l’objet de trois dégustations « presse »* en vue d’articles à paraître prochainement. Alors en attendant de pouvoir lire les critiques, nous vous proposons d’en découvrir les coulisses.

Pour certains ce sont de véritables bibles, pour d’autres des sources d’inspiration et d’information. Toujours est-il que les revues et les guides viticoles ont une véritable influence auprès des particuliers et professionnels et les vignerons l’ont bien compris. En février dernier, ce sont des dizaines d’échantillons qui ont été envoyés ou déposés en réponse aux appels lancés par les supports de presse : 180 ont été dégustés par Bettane & Desseauve, 160 par la Revue du Vin de France et 113 pour Decanter. A une différence près : le type de vin. Si RVF s’intéressait au millésime 2016, les deux autres titres ont privilégié les crus communaux, signe de la renommée grandissante de ces appellations. « Je voulais montrer que le Muscadet est aussi un vin de gastronomie, ce qui est peu connu en Angleterre. Et pour cause, les crus ne sont pas ou peu disponibles sur le marché » explique Christelle Guibert, journaliste à Decanter. Le Domaine de la Pépière à Maisdon-sur-Sèvre a répondu aux trois appels à échantillons, ce qui est plutôt rare souligne Gwenaëlle Croix : « On y répond généralement assez peu car notre clientèle est principalement professionnelle ou à l’export, ce n’est donc forcément la cible de ces magazines. Cela étant, Bettane & Desseauve et RVF sont des références. Quant à Decanter, étant producteurs de quatre crus, il était important pour nous d’y participer. »Pour ceux qui auraient laissé passer ces dégustations ou qui souhaitent renouveller l’expérience, un autre magazine, américain cette fois, lance un appel à échantillons de Muscadets. Wine Enthusiast s’intéresse au millésime 2016. Seuls les vins déjà exportés aux Etats-Unis sont concernés. Pour plus d’informations, rendez-vous dans l’espace filière du site Internet d’Interloire.

Le magazine Decanter a fait appel à Jim Budd (à gauche), Ben Llewelyn (au centre) et Chris Kissack (à droite) pour sa dégustation des crus du Muscadet.

L’art et la manière de déguster
Relais d’information auprès de ses adhérents, la Fédération des Vins de Nantes assure également la logistique de ces dégustations « presse ». Les bouteilles sont généralement déposées à La Frémoire où elles sont numérotées, enchaussetées pour garantir leur anonymat puis classées pour faciliter la dégustation. Celle-ci se passe ensuite dans la salle de dégustation de La Frémoire. Un « cadre idéal » car lumineux pour Denis Hervier, journaliste à Bettane & Desseauve. « C’est important de voir la lumière du jour lorsque l’on déguste. D’autant que l’exercice demande beaucoup de concentration. » Tous les 25 à 30 vins, il s’accorde ainsi une pause, indispensable lorsque la session dure au total près de 7h, comme celle réalisée les 8 et 9 mars dernier.
Le magazine Decanter a lui fait le choix d’organiser la dégustation sur ses terres, à Londres. « J’ai sollicité trois spécialistes que sont Jim Budd, Chris Kissack et Ben Llewelyn » explique Christelle Guibert. « Nous avons reçu beaucoup d’échantillons donc nous avons limité la dégustation à deux vins par producteurs, un millésime récent et un autre plus ancien. Celle-ci s’est déroulée sur un jour et demi. Les vins étaient présentés par groupes de 10 à 12. Aux dégustateurs de remplir ensuite leurs feuilles de notes. » Chaque vin a obtenu une note sur 100, harmonisée entre les trois spécialistes. « S’ils ont des écarts, ils redégustent et s’échangent leurs points de vue. Ensuite, soit ils réajustent leur note, soit ils la maintiennent. » Denis Hervier lui note chaque vin sur 20 et écrit ses appréciations dans la marge. « Gras, minéralité et fruits confits » indique t-il pour l’un, « du punch, de l’énergie et de la maturité » écrit-il pour un autre. Mais chut, on ne dira pas de qui il s’agit. Toutes ces dégustations se déroulent en effet à l’aveugle. Ce n’est qu’une fois la séance terminée que le voile est levé sur l’origine des vins. Avec ses bonnes surprises ou ses déceptions.

180 échantillons ont été dégustés par Denis Hervier du guide Bettane & Desseauve.

« L’une des meilleures dégustations réalisée »
De retour à son bureau, Denis Hervier reprend l’intégralité de ses notes et rédige « dans la foulée » son compte-rendu pour Bettane & Desseauve, même si le guide ne paraîtra qu’au mois d’août. Son verdict ? « Un sans faute pour Gorges, Clisson et Château-Thébaud qui sont pour moi les grands crus du Muscadet. Dans l’ensemble, je suis très satisfait de cette dégustation. » Jean-Emmanuel Simond de la Revue du Vin de France souligne également « un beau niveau qualitatif et une matière assez dense qui rappelle un peu 2012 ». Son article paraîtra en juin tout comme celui de Christelle Guibert de Decanter. « De l’avis des dégustateurs, c’est l’une des meilleures dégustations qu’ils ont réalisé. Trois des vins dégustés ont obtenu le titre « Exceptional » ce qui est très rare. Huit ont été notés « remarquables » et 70 vins ont reçu 90 points ou plus. Jim Budd a même mis 100 points à l’un des vins. » Son magazine consacrera 8 à 9 pages à cette dégustation et publiera l’intégralité des notes des trois spécialistes invités.

En février 2016, la Revue du Vin de France avait déjà consacré plusieurs pages au Muscadet.

Ouvrir des portes…
Au Domaine de la Pépière, on lira ces articles avec intérêt mais Gwenaëlle Croix n’attend pas leur publication avec impatience. « Evidemment nous sommes satisfaits quand la gamme est bien considérée mais cela ne représente pas un élément déterminant ou discriminant. »
Si pour Denis Hervier, il est « difficile de mesurer les retombées d’une publication dans Bettane & Desseauve », il pense « que cela peut apporter des clients à l’export. » Publié à 50 000 exemplaires chaque mois, Decanter bénéficie quant à lui d’une forte notoriété en Angleterre mais également au Canada. « Cela peut ouvrir des portes » admet Christelle Guibert, « d’autant que nos dégustateurs ont beaucoup d’influence auprès des professionnels. Ce qui est peut-être frustrant pour les consommateurs, c’est le fait que ces vins ne soient pas présents sur le marché anglais. Mais peut-être que cela va intéresser des importateurs et que des opportunités se présenteront pour les crus du Muscadet… »

* Le guide Hachette des vins a également organisé une dégustation le 4 avril.